Analysis of information sources in references of the Wikipedia article "Eva Perón" in French language version.
« La femme du président se penchait sur le cas d’une infinité de visiteurs. C’était une clameur et un méli-mélo continuels de centaines de personnes bigarrées et hétérogènes qui attendaient pendant des heures avant d’être reçues par elle. Il y avait des commissions d’ouvriers ; des délégations syndicales ; des femmes du peuple échevelées, avec des enfants ; des journalistes étrangers ; une famille gaucha avec ses ponchos de la Pampa, et le campagnard avec ses longues moustaches noires, soyeuses et flasques ; des réfugiés de derrière le rideau de fer ; des fugitifs d’Europe ; des intellectuels et des universitaires de la Baltique ; des ecclésiastiques et des moniales ; de grosses dames avec des lunettes, criaillantes et en sueur ; des étudiants ; de jeunes employés ; des joueurs de football ; des artistes de théâtre et de cirque, comme dans une vallée de Josaphat immense et fluctuante. Evita, assise derrière une longue table qui occupait le devant de l’auditorium, avait devant elle plusieurs téléphones, un monceau de dossiers, trois ou quatre assistants, deux secrétaires et, infailliblement, un ou deux ministres, un groupe de sénateurs et de députés, de gouverneurs de province, le président de la Banque centrale et une nuée de photographes et d’opérateurs de cinéma. Au milieu de cet apparent chaos, espèce de kermesse bruyante et confuse jusqu’à la folie, Evita écoutait les requêtes les plus variées qu’on lui formulait, allant d’une hausse de salaire à une convention collective, en passant par un logement familial, un ameublement, des vêtements pour enfants, des places dans une école, de la nourriture, des permis de tournage d’un film, des subventions de toute nature, des dénonciations d’abus de pouvoir, des interviews, des hommages, des réunions publiques, des inaugurations, des assemblées féminines ou la remise de cadeaux et de dons. Evita était infatigable. [...]
Elle avait un mélange de talent naturel, d’habilété à jouer sur les intérêts opposés, un langage direct, parfois leste, avec des incrustations de lunfardo portègne, des images étincelantes, une ironie insolente, des critiques féroces, un insatiable appétit de pouvoir et de commandement, une démagogie de fait, des appels à l’esprit populaire, sans intermédiaires, la fenêtre ouverte à tous, avec une certaine féérie de l’aide et des dons apportés aux déshérités, et avec de constants correctifs et des piques à l’intention de la bureaucratie officielle, à commencer par la plus haute, qui la maintenait dans une alerte constante [...]. Elle était littéralement consommée par une grande passion, le péronisme, et, à l’intérieur de celui-ci, par la révolution sociale comprise à sa manière, moitié paternaliste, moitié justicière [...]. Elle était nationaliste par-dessus tout. »
— José María de Areilza, Así los he visto, Barcelone, Planeta, , 407 p. (ISBN 978-8432002526), « Eva Perón », p. 191-192 & 196.
Un autre témoin de l’activité fébrile d’Evita à la Fondation est l’écrivaine Aurora Venturini (que l’épouse de Domingo Mercante, gouverneur de la province de Buenos Aires, avait envoyée à la Fondation, où on avait besoin d’une psychologue capable de faire passer des tests d’aptitude) :
« Elle arrivait à la Fondation à huit heures du matin et s’en allait le lendemain à quatre heures. Ses jambes gonflaient, elle enlevait ses souliers sous le bureau et restait déchaussée. [...] Pour les besoins de mes activités quotidiennes, je devais la voir de près, et elle pouvait être insupportable vue d’aussi près. Quand elle disait, à moi ou à d’autres, « je veux ceci pour demain », il fallait avoir cela prêt, sinon des insultes grossières lui échappaient, elle déchargeait toute sa rage sur celui qu’elle avait en face, elle était d’une humeur massacrante. Il était difficile de se trouver à ses côtés dans ces moments. Par la suite, je l’ai comprise : le temps qui lui restait s’épuisait, elle était sous forte pression [...] Je me souviens du gamin aux mouches. Je l’avais accompagnée dans une tournée à travers les quartiers pauvres. À cette époque, les cités étaient bonnes, on pouvait y entrer, il n’y avait pas de violence, seulement de la pauvreté, beaucoup de pauvreté. Un gamin s’est approché de nous qui avait la tête complètement noire [...] c’étaient des mouches. Evita ne put se retenir et se laissa aller à pleurer, puis demanda que nous l’emportions à l’hôpital où il guérit, mais chez elle l’impression ne s’est jamais effacée. Ces choses lui causaient une rage immense, elle en devenait folle. »
— Aurora Venturini, « "Nadie me maltrató ni me quiso tanto como Evita" », Clarín, Buenos Aires, Grupo Clarín, (lire en ligne, consulté le ).
« Saches qu’aujourd’hui encore je déplore la perte de ma patiente. Je crois n’avoir jamais fait une opération aussi achevée ; j’étais assez optimiste et avais de grandes espérances qu’elle survivrait par accomplir la grande tâche à laquelle elle s’était vouée. Je ne connais personne qui en si peu de temps ait autant fait pour son pays ; voilà ce qui me peine vraiment, compte tenu de tout ce que cela aurait signifié pour elle d’avoir eu la possibilité de poursuivre [cette tâche] indéfiniment. Je crois que, historiquement, elle se situera au même niveau que Jeanne d’Arc. »
— George Pack.
« Saches qu’aujourd’hui encore je déplore la perte de ma patiente. Je crois n’avoir jamais fait une opération aussi achevée ; j’étais assez optimiste et avais de grandes espérances qu’elle survivrait par accomplir la grande tâche à laquelle elle s’était vouée. Je ne connais personne qui en si peu de temps ait autant fait pour son pays ; voilà ce qui me peine vraiment, compte tenu de tout ce que cela aurait signifié pour elle d’avoir eu la possibilité de poursuivre [cette tâche] indéfiniment. Je crois que, historiquement, elle se situera au même niveau que Jeanne d’Arc. »
— George Pack.