Clermont-Ganneau, La stèle phénicienne d'Oumm el'Aouâmid, Receuil d’Archéologie Orientale 5, 1903, 1-8 and 84.Paris: "Depuis, sous l’impression des recommandations de Renan et de mes observations personnelles, j’eus l’idée de diriger de ce côté l’effort de certains indigènes de la région qui font le commerce des antitiquités et avec qui j’étais en relations suivies, tâchant ainsi d’utiliser au profit de la science leur zèle intéressé. Chaque fois qu’ils me demandaient des indications, pour les guider dans leur chasse aux antiquités, je m’efforçais de les lancer sur cette piste et les pressais vivement de prendre pour objectif Oumm el-'Aouàmid. Pendant plusieurs années j’en fus pour mes frais d’éloquence. Enfin, dans ces derniers temps, un d’entre eux, plus avisé que les autres, se décida à suivre mon conseil; il n’eut pas à s’en repentir. Il fit entreprendre, par des fellâhs à sa dévotion, des fouilles discrètes sur l’emplacement désigné, et il eut la chance de mettre du premier coup la main sur le beau monument phénicien qui fait l’objet de la présente étude. Depuis, ses concurrents, stimulés par ce succès, se sont jetés avidement sur cette mine, etsont en train de l’exploiter à qui mieuxmieux il résulte d’informations que j’ai reçues récemment, que plusieurs autres monuments du même genre, quelques-uns avec inscriptions phéniciennes, sont déjà sortis des ruines d’Oumm el-'Awâmid. Attendons-nous à les voir faire très prochainement leur apparition sur le marché. Celui dont j’ai à parler aujourd’hui a été tout d’abord expédié à Paris par son heureux possesseur qui, intimidé par certaines injonctions assez surprenantes, mais sur lesquelles je ne veux pas insister, se garda soigneusement de me faire part d'une trouvaille qu’il devait cependant un peu à mes instances. Si mes renseignements sont exacts, le monument, présenté au Louvre pour l'acquisition, y fut mis au secret attendant pendant des mois et des mois une décision qui devait être négative ; au der- nier moment, on recula devant les prétentions du vendeur, qui se retourna alors d’un autre côté. Finalement, le monument fut acheté par M. Jacobsen, de Copenhague, et il a trouvé sa place définitive dans la fameuse glyptothèque de Ny Carlsberg, qui vaut plus d’un musée d’État."
Clermont-Ganneau, Un prêtre de Malak-Astarté, Recueil d'archéologie orientale (RAO V), Paris, 1903, p. 150-154: Un prêtre de Malak-Astarté: "En dehors de la magnifique stèle phénicienne que j’ai publiée plus haut 4, les fouilles clandestines entreprises dans la nécropole d’Oumm el-'Aouàmid ont amené la découverte de tout un groupe de monuments analogues, plus ou moins bien conservés, qui ont pu être, cette fois, heureusement acquis par le Louvre. Bien qu’aucun d’eux n’égale, sous le rapport de l’intérêt artistique, la stèle Jacobsen, ils présentent avec elles d’évidentes affinités archéologiques que M. Heuzey a bien fait ressortir en en plaçant les reproductions sous les yeux de l’Académie *. Sur plusieurs de ces stèles, ou débris de stèle, on retrouve, dans la même pose et le même costume, le même personnage faisant un acte d’adoration. Dans un cas (pl. II), la coiffure qu’il porte, bien que du même genre que celle que nous avons vue sur la stèle Jacobsen — une sorte de bonnet ou calotte à peu près cylindrique — est d’une coupe légèrement différente : la partie postérieure forme en arrière une pointe aiguë, un peu relevée*. M. Heuzey la compare à la tiare inférieure des Pharaons qui symbolisait la Basse-Égypte, par conséquent la partie de la contrée voisine de la Phénicie. On peut ajouter que cette pointe caractéristique se retrouve, très accentuée, dans la coiffure de personnages figurés sur des monuments notoirement phéniciens ; par exemple, sur un bas-relief de Lilybée accompagné d’une inscription phénicienne *, et, très souvent, sur les rasoirs de Carthage ornés de dessins au trait, de style égyptien."