Le Monde, 10 juin 1969, Me Albert Naud, "J'aurais pu sauver Pierre Laval": « Commis d'office par le bâtonnier de l'époque pour assurer la défense de Pierre Laval, que je ne connaissais pas, que je n'avais jamais vu ailleurs que sur les écrans des cinémas ; dont en outre je n'aimais pas la " politique " et par la personne de qui je n'étais pas attiré ; contre qui, enfin, je croyais avoir lutté durant l'occupation - j'avais pris ma tâche à cœur. J'avais d'un seul coup fait taire mes partis pris et mes hostilités, pour rechercher avec cet homme ce contact du cœur sans quoi aucune défense n'est possible. La chose avait été aisée : Laval était malheureux et séduisant. Sa solitude, ce sentiment intime qu'il avait d'être injustement traité, son désarroi indigné en face d'une juridiction conçue non pour juger mais pour tuer, ce vertige au bord d'une mort probable et apparemment ignominieuse, avaient, d'emblée, mêlé sa personnalité à la mienne ». Il a cependant plaidé lors de l'audience du 5 octobre, comme les deux autres avocats, demandant un complément d'information, rejeté par la Cour: Jean Galtier-Boissière, Journal 1940-1950, Quai Voltaire, 1992, p. 522, Déclaration de Me Naud et Baraduc du 30 octobre 1945 aux agences de presse étrangères. Cf. Fred Kupferman, Le procès de Vichy, Pucheu, Pétain, Laval, Complexe, 2006