Il publie un article descriptif aussi neutre que possible dans le numéro du 13 décembre [1], en page 7 avec appel en page 1. La semaine suivante [2], il revient en détail sur le festival dans un long article en page 7, titré "Le 150me anniversaire de Mozart" et sous-titré "Le festival de Vienne". Il parle uniquement de musique et d'interprétation (il mentionne en passant "la réception offerte par M. Baldur von Schirach" sans autre commentaire), et des lieux de spectacle, en termes évidemment laudateurs dans l'ensemble, puis commente l'exécution de L'Enlèvement, et ajoute : "A mon retour à Paris, j'apprends avec joie que l'exécution de la même œuvre à l'Opéra-Comique, sous la direction de Roger Désormière, a été elle aussi, remarquable, et je m'en réjouis de tout cœur." On ne trouve nulle part dans ses articles sur le festival de Vienne de tel enthousiasme. Au contraire, il signale quelques défauts ici ou là, de tempi par exemple, et même un "défaut aggravé" au sujet des décors, reproche à Richard Strauss son interprétation d'Idoménée : "Voilà le danger d'un chef d'orchestre possédant une trop forte personnalité." Il avoue ensuite "que La Flûte enchantée fut à peu près [s]a seule désillusion". Il conclut en souhaitant "que d'autres pays, même s'ils ne possèdent point d'astres aussi étincelants, prennent exemple de cet hommage pour, eux aussi, honorer et glorifier les grands maîtres qu'ils ont vu naître, qui en sont la plus juste raison de fierté et la plus sûre richesse."
Lettre de Darius Milhaud à Alexandre Tansman, 1945, citée, puis commentée, par Erin K. Maher : Darius Milhaud In The United States, 1940–71: Transatlantic Constructions Of Musical Identity (Thèse de doctorat, Chapel Hill, 2016). En ligne : https://cdr.lib.unc.edu/downloads/pc289j467) Pour l'article d'Honegger sur Palestrina, de Pfizner, voir Comœdia du 4 avril 1942 ; pour celui sur Peer Gynt de Egk, numéro du 9 octobre 1943. S'appuyant sur un article de Sandrine Grandgambe, Karine Le Bail (La musique au pas, page 78) signale que ces œuvres de Strauss, Pfitzner et Egk avaient été imposées à l'Opéra, à un moment où les Allemands avaient porté le taux de répertoire allemand de 20% en 1939-1940 à 31%.