« M. Dubois, chef de la section d'archéologie, dont je faisais partie comme dessinateur, avait été élève de David. Je croirais volontiers que ses dispositions pour la peinture n'étaient pas assez grandes pour qu'il continuât à suivre cette carrière; toujours est-il qu'il y renonça et devint, je ne sais par quelles circonstances, ami et aide du grand Champollion. Il avait exercé son œil dans de nombreuses expertises, avait probablement un peu glané à droite et à gauche, surtout dans la conversation de son maître, qui lui fit obtenir, au Musée du Louvre, une place assez importante. Grand, gros, de l'entrain, de la gaieté, une apparence de Joseph Prudhomme, avec qui des lunettes d'or lui donnaient encore plus de ressemblance. Son répertoire de charges d'atelier, quoique varié, n'était cependant pas inépuisable; les plaisanteries et les histoires qu'il contait drôlement, se répétaient un peu ; quelques-unes dataient du temps de l'Empire, mais je ne les connaissais pas, et elles m'amusèrent. Il était marié et vivait à Paris, avec sa femme et sa jeune fille, dans un intérieur modeste, mais confortable; pendant notre excursion, je l'entendis souvent regretter cette vie de famille, sans que j'aie jamais voulu approfondir ce qu'il en regrettait le plus, car c'était surtout pendant nos repas qu'il se plaignait. Ce que je dois ajouter, c'est qu'au premier abord il était fort séduisant, et qu'il faisait beaucoup de frais, surtout pour les derniers arrivants […] L'esprit brillant de M. Bory Saint- Vincent ne put me faire passer, tout jeune que j'étais, sur son outrecuidance et son aplomb, et je m'habituai difficilement à cette activité, à ce mouvement perpétuel. Son habillement, dans les cérémonies ou dans les visites que nous allions rendre aux autorités, était d'un grotesque achevé. Il avait réuni en un mélange fort bizarre le costume de colonel et celui de membre de l'Institut. Mais il n'avait pas conscience ou feignait de ne pas s'apercevoir de l'étonnement qu'il provoquait partout. Dès les premiers jours, il laissa percer l'ambition, qu'il n'a cessé d'avoir pendant le voyage, de passer pour le chef suprême de la commission, et je m'aperçus bien vite de la froideur que M. Blouet et M. Dubois lui témoignaient quand il laissait trop paraître ses prétentions. Spectateur indifférent de ce petit antagonisme, je pus prévoir facilement combien en souffriraient les résultats de l'expédition. Je me trompe sans doute; mais j'ai peine à comprendre une commission de cette nature sans un chef unique, qui en dirige l'ensemble et qui assume toute la responsabilité. Il y avait à notre tête trois chefs : c'était trop de deux, qui devaient nécessairement, et bientôt, tirer chacun de son côté… Il est vrai qu'il y a bien d'autres circonstances encore où je n'admets qu'un seul maître. Aussi, je le répète, j'ai probablement tort. M. Blouet, architecte de talent, avait l'apparence grave d'un travailleur acharné. Mais les deux types les plus curieux de la commission étaient, sans conteste, Edgar Quinet et Vietty, sculpteur lyonnais… », Eugène-Emmanuel Amaury-Duval, Souvenirs (1829-1830), Chapitre III, Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, Paris, 1885.
« Le commencement du dîner, fort bien servi, se passa joyeusement. Nous avions fait depuis quelque temps la connaissance de nos officiers; mais peut-être leur gaieté, à eux, venait-elle de la scène qu'ils s'attendaient à voir. Le vent, à ce qu'il paraît, s'était élevé au sortir de la rade [de Toulon], et le vaisseau roulait assez fort. Le moment de la soupe se passa régulièrement; mais, tout à coup, silence profond. Le regard fixé sur un point dont rien au monde n'aurait pu les détacher, mes camarades pâlissaient à vue d’œil; on apercevait la sueur perlant sur leurs fronts. Un d'eux n'y tint plus, se leva précipitamment, et, dans sa fuite, se heurta aux poutres du plafond, fort peu élevé; mais rien ne l'arrêta. Un second le suivit; bientôt la déroute devint générale. Les officiers, qui dissimulaient mal leur envie de rire, avaient tous les yeux tournés de mon côté et attendaient…, mais en vain! Seul, je ne bougeai pas, dévorant ce que j'avais sur mon assiette, et la figure aussi calme, aussi joyeuse que si j'avais été à terre, assis à une bonne table. Tous les officiers, alors, remplissant leurs verres, se mirent à pousser trois Hurrah! Et burent à la santé du jeune savant. Après le dîner, je montai sur le pont, et je vis l'affreux spectacle de tous mes compagnons inanimés […] C'étaient pour moi des impressions que ne paraissaient pas éprouver mes pauvres compagnons, presque toujours malades, souvent alités. », Eugène-Emmanuel Amaury-Duval, Souvenirs (1829-1830), Chapitre IV, Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, Paris, 1885.
A propos de Jean-Baptiste Vietty (p. 56, Chapitre III) : « M. Blouet, architecte de talent, avait l'apparence grave d'un travailleur acharné. Mais les deux types les plus curieux de la commission étaient, sans conteste, Edgar Quinet et Vietty, sculpteur lyonnais. […] Le sculpteur, espèce de paysan du Danube, pour la forme du moins, avait, disait-on, une profonde instruction : il savait le grec autant qu'homme de France ; aussi traita-t-il les habitants de la Morée comme des ânes bâtés, parce qu'ils ne comprenaient pas la langue d'Homère : enfin, plus helléniste que sculpteur » et p. 103 : « Comptait-il enseigner la langue d'Homère aux Grecs modernes ? Peut-être, car on nous raconta plus tard que, voulant entrer de force dans une ville fermée, il avait adressé en grec à la sentinelle un discours si peu compris, surtout avec la prononciation française, que, pour en finir, on l'avait conduit au poste. Toujours est-il qu'il nous quitta, et que je ne l'ai jamais revu ». En effet, Vietty mourra précocement en France en 1842, dans une grande misère et sans avoir publié la moindre page de ses recherches en Morée (selon le témoignage du géologue Virlet d’Aoust dans un lettre au ministère de 1843, voir note précédente sur l’étude de Stéphane Gioanni). Quant à Edgar Quinet lors de son départ de la commission (p. 104, Chapitre VII) : « Monté sur un âne que cachait en partie son immense houppelande, il était coiffé d'un énorme chapeau de paille de femme, dont les bords, relevés par le vent, laissaient voir un ruban de soie rose noué sous le cou et flottant sur sa poitrine. Des deux côtés de la selle étaient attachés des espèces de paniers remplis de livres ; derrière, le guide et un cheval chargé du reste des bagages. Il passa ainsi au milieu de la foule, sans s'apercevoir de l'effet qu'il produisait, et sans se douter qu'il allait être un thème prolongé pour les conversations et les lazzi des officiers », Eugène-Emmanuel Amaury-Duval, Souvenirs (1829-1830), Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, Paris, 1885.
« Avant de chercher un emplacement pour notre campement, une curiosité bien naturelle nous fit circuler à l'aventure. Quelques Grecs qui labouraient leur champ, ayant comme toujours le pistolet et le yatagan à la ceinture, s'offrirent pour nous guider. M. Dubois, croyant déjà s'y reconnaître assez, voulut se passer de leur aide, et le hasard fit que, moi, qui étais loin d'avoir cette prétention, j'arrivai le premier sur l'emplacement du temple que mes collègues constatèrent, plus tard, être celui de Jupiter Olympien. Voici comment. Un Grec, que M. Dubois avait repoussé, s'attacha à moi, et, probablement en vue du pourboire, voulut me conduire à un endroit que sa pantomime me faisait supposer devoir être très-curieux. « Allez-y, si vous voulez, me dit M. Dubois; mais il va vous mener à quelque ruine romaine sans intérêt. » Je suivis donc mon guide jusque dans une partie de la plaine presque inabordable, couverte d'arbustes, d'herbes, de pierres énormes, mais sans forme, et qui sortaient de terre à égale distance. Cet amas confus de matériaux de toutes sortes me parut cependant mériter l'attention. Je rejoignis M. Dubois, que je trouvai dépité de n'avoir rencontré que des ruines peu intéressantes, fort mal conservées, et rien qui parût devoir amener quelque découverte. Mon récit le fit réfléchir : il se dirigea, avec Trézel et moi, vers le lieu que je venais de voir, et décida sur-le-champ que les fouilles seraient commencées là. », Eugène Emmanuel Amaury Duval, Souvenirs (1829-1830), Chapitre IX, Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, Paris, 1885.
« Nous quittâmes la vallée de l'Alphée, avec une vraie tristesse et regrettant de ne pouvoir en emporter quelques souvenirs; mais les fragments de sculptures, même les plus petits, étaient d'un volume et d'un poids embarrassants. Il y avait, entre autres, un pied en marbre, de travail admirable, qui tenait encore à une partie du socle : de crainte qu'il ne subît quelque nouvelle mutilation encore plus complète, nous allâmes l'enfouir, Trézel et moi, dans un trou profondément creusé. Qui sait ? ce fragment fera peut-être faire fausse route à quelque antiquaire de l'avenir, s'il le découvre au lieu où nous l'avons placé. » Eugène-Emmanuel Amaury-Duval, Souvenirs (1829-1830), p. 201, Chapitre XIII "Départ d'Olympie", Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, Paris, 1885.
Eugène-Emmanuel Amaury-Duval (peintre, membre de la commission scientifique), Souvenirs (1829-1830), Librairie Plon, E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, Paris, 1885.
Charles-Joseph Bastide, Considérations sur les maladies qui ont régné en Morée, pendant la campagne de 1828 (Internet Archive). Thèse présentée publiquement et soutenue à la Faculté de médecine de Montpellier, le 19 mars 1830, par Charles-Joseph Bastide, Chirurgien-Major du 16e Régiment d'infanterie de ligne, pour obtenir le grade de Docteur en Médecine, imprimeur Jean Martel Aîné, Montpellier, 1830.
army.gr
(el) Kalogerakou Pigi P. (Καλογεράκου Πηγή Π.), La contribution du corps expéditionnaire français à la restauration des forteresses et des villes de Messénie (Η συμβολή του Γαλλικού εκστρατευτικού σώματος στην αποκατάσταση των φρουρίων και των πόλεων της Μεσσηνίας), in Οι πολιτικοστρατιωτικές σχέσεις Ελλάδας - Γαλλίας (19ος - 20ός αι.), Direction de l'histoire de l'armée (Διεύθυνση Ιστορίας Στρατού), 13-41, Athènes, 2011.
Par le décret du 28 juillet 1829. (el) Histoire du génie militaire grec, sur le site de l'état-major de l'armée grecque (en grec).
Publiées dans le Tome III: Deuxième Partie: Botanique (1832) par MM. Fauché, Inspecteur général du service de santé pour les graminées; Adolphe Brongniart pour les orchidées; Chaubard et Bory de Saint-Vincent pour le reste de la Phanérogamie; ce dernier collaborateur s'est réservé la cryptogamie.
Les planches botaniques se retrouvent également dans l'Atlas (1835): Relation (Cartes & Vues de Paysages), Géologie (Coupes & Roches), Zoologie (Vertébrés & Invertébrés), Botanique.
Léonce Pingaud, Choiseul-Gouffier : La France en orient sous Louis XVI, Paris, Alphonse Picard, , IX+297 (lire en ligne)
La Morée est le nom donné à la région du Péloponnèse en Grèce, de l'époque médiévale au XIXe siècle. « La Morée (ό Μωρἐας, Μωριᾶς), soit que ce nom ait remplacé celui du Pélopοnèse à cause de la configuration de cette péninsule qui imite sur la carte une feuille de mûrier (μουριά), soit plutôt qu'il lui ait été donné par rapport à la grande multiplication des arbres de cette espèce, propres à l'entretien des vers à soie, la Morée, dis-je, contient aujourd' hui 400 000 habitants environ » selon le linguiste grec et membre de l'expédition scientifique de Morée Michel Schinas, Mémoire sur l'état présent de la Morée, Archives de l'Académie des Sciences de l'Institut de France, Dossier: Commission de Morée (1830). Annoté et commenté par A. Panayiotopoulou-Gavatha. Παναγιωτοπούλου–Γαβαθά, Α. (2016). Ένα υπόμνημα του Μ. Σχινά για την κατάσταση της Πελοποννήσου στα 1830. Σχολιασμένη έκδοση. The Gleaner, 11, 333-362. DOI10.12681/er.9408
(en) Andreas Kastanis, « The teaching of mathematics in the Greek military academy during the first years of its foundation (1828–1834) », Historia Mathematica, vol. 30, no 2, , p. 123-139 (ISSN0315-0860, DOI10.1016/s0315-0860(02)00023-x, lire en ligne)
(en) R. Kyle et M/ Shampe, « Discoverers of quinine », Journal of the American Medical Association, vol. 229, , p. 462 (PMID4600403, DOI10.1001/jama.229.4.462)
Stéphane Gioanni, « Jean-Baptiste Vietty et l'Expédition de Morée (1829). À propos de deux manuscrits retrouvés », De Boccard, vol. 2, no 1, , p. 383-429 (DOI10.3406/jds.2008.5891, lire en ligne)
eefshp.org
« Pour une longue période, l’École centrale militaire était la seule où l’on pouvait suivre des études d’architecture, puisque l’École polytechnique et l’académie des Beaux-Arts n’avaient pas encore été fondées. Il faut attendre l’an 1878 pour que cette situation atypique, où des militaires assurent des missions civiles, cesse d’exister avec la création d’un corps d’ingénieurs civils dépendant du Service des travaux publics du ministère de l’Intérieur. Par conséquent, jusqu’en 1878, le terme d’ingénieur recouvrait les deux spécialités : celle de l’ingénieur-architecte militaire et celle de l’ingénieur-architecte civil. Il va sans dire que, lors des années qui suivirent la libération de la Grèce, l’architecture et surtout l’urbanisme furent beaucoup influencés par la France » in Anastasie Tsagkaraki, Les philhellènes français dans la lutte pour l’indépendance grecque (1821-1831), p. 155, Revue Historique des Armées, 2e trimestre 2016.
La Morée est le nom donné à la région du Péloponnèse en Grèce, de l'époque médiévale au XIXe siècle. « La Morée (ό Μωρἐας, Μωριᾶς), soit que ce nom ait remplacé celui du Pélopοnèse à cause de la configuration de cette péninsule qui imite sur la carte une feuille de mûrier (μουριά), soit plutôt qu'il lui ait été donné par rapport à la grande multiplication des arbres de cette espèce, propres à l'entretien des vers à soie, la Morée, dis-je, contient aujourd' hui 400 000 habitants environ » selon le linguiste grec et membre de l'expédition scientifique de Morée Michel Schinas, Mémoire sur l'état présent de la Morée, Archives de l'Académie des Sciences de l'Institut de France, Dossier: Commission de Morée (1830). Annoté et commenté par A. Panayiotopoulou-Gavatha. Παναγιωτοπούλου–Γαβαθά, Α. (2016). Ένα υπόμνημα του Μ. Σχινά για την κατάσταση της Πελοποννήσου στα 1830. Σχολιασμένη έκδοση. The Gleaner, 11, 333-362. DOI10.12681/er.9408
« Le 31, les troupes ont commencé de mettre pied à terre. Le débarquement a continué de s'effectuer les deux jours suivants à l'embouchure d'une petite rivière nommée Caracasilli. Elles ont été établies de la manière suivante : Le quartier-général à la fontaine de Djané, dans la plaine au nord, à dix minutes des ruines de Pétalidi. La 1re brigade sur la rive droite du Caracasilli, aux pieds de monticules élevés, la gauche appuyée à la mer. La 2e brigade sur les crêtes irrégulières qui bordent la rive gauche du Caracasilli en le séparant d'une autre petite rivière, appelée Vélica. L'artillerie, d'abord campée à la gauche de la 2e brigade sur les hauteurs, est descendue dans la petite plaine qui s'étend jusqu'à la mer, et s'est placée à côté du train d'artillerie. Le génie, primitivement établi derrière la gauche de la 2e brigade, a changé également sa position ; il s'est porté dans le vallon du Djané, à vingt minutes du quartier-général » in Gaspard Roux, médecin en chef, Histoire médicale de l'armée française en Morée, pendant la campagne de 1828, p. 5, Méquignon l'aîné père, Paris, 1829.
« Ce fut le 1er d'octobre qu'eut lieu, à quelque distance de Navarin, et presque sur le rivage de la mer, la revue des troupes françaises récemment arrivées en Morée. Déjà le général Maison, entouré du plus brillant état-major, parcourait à cheval les rangs de nos phalanges que la mort et les maladies n'avaient pas encore atteintes (…) Le prince égyptien venait d'arriver au camp français, sans pompe et sans escorte, accompagné seulement de M. Abro, son interprète. Le général Maison ayant appris l'arrivée imprévue du fils de Méhémet, lui envoya, par un de ses aides-de-camp, un cheval sur lequel il le priait de venir le rejoindre. Ibrahim, après l'avoir refusé d'abord, sous prétexte qu'il se rendrait à pied auprès du général français, finit par le monter; un autre cheval fut offert à M. Abro, qui accompagna son chef jusqu'auprès du général Maison. Ibrahim complimenta le général en chef sur la bonne tenue et la précision des mouvements de nos troupes : mais il ne put contenir son enthousiasme et son admiration quand il vit manœuvrer nos chasseurs à cheval (…) Ibrahim en fit des compliments tout particuliers au colonel de ce régiment, qui lui offrit un équipement complet de chasseur, sans oublier les harnachements du cheval; Son Altesse, à son tour, fit à M. de Faudoas(en), cadeau d'un damas qui a été estimé d'une valeur de 10 000 francs (…) Le fils du vice-roi d'Égypte avait alors trente huit ans. Quoique d'une petite taille, il était doué d'une force prodigieuse. Les chirurgiens français, que j'ai vus dans son camp, m'ont assuré qu'il avait plus d'une fois abattu la tête d'un taureau d'un seul coup de son damas. Une barbe longue et roussâtre donne à sa figure, fortement marquée de petite vérole, un air sombre et farouche. Ses membres sont d'une grosseur extraordinaire. Quand il se rendit à la revue dont nous venons de parler, il était vêtu très simplement, quoique d'une manière riche et distinguée. Il avait sur la tête une large calotte rouge, surmontée d'un gland de soie bleu assez long. Une veste couleur amaranthe, et chargée de belles broderies de soie, le serrait étroitement, et faisait voir en même temps tout son embonpoint; une ceinture de soie soutenait son large pantalon, de même couleur que la veste, et non moins couvert de broderies. Il n'avait d'autres armes, qu'un riche sabre recourbé, et renfermé dans un fourreau plus riche encore (…) La nouvelle de la revue des troupes françaises avait également excité la curiosité des soldats grecs qui ne se trouvaient pas loin de là. Le général Nikitas, supérieur à la maladie qui l'accablait, et aux fatigues dont il était épuisé, voulut aussi jouir de ce nouveau spectacle. Il arriva au lieu de la revue, au moment où le général Maison parcourait, avec le chef égyptien, les rangs de nos brillantes légions. Il était suivi d'une douzaine de Grecs vêtus aussi misérablement que lui. Doué d'une taille aussi haute que celle d'Ibrahim est petite, il est aussi maigre, et paraît aussi souffrant, que celui-ci est gras et bien portant. Une paire d'énormes pistolets étaient attachés à sa ceinture, ainsi qu'un long yatagan, espèce de sabre presque droit, ou légèrement recourbé en sens contraire aux nôtres ; il avait de plus, un damas d'une trempe semblable peut-être à celle du sabre d'Ibrahim, mais renfermé dans un fourreau de bien moins de valeur. Il s'arrêta pour voir passer les généraux qui entouraient le fils de Méhémet. Celui-ci l'aperçut, et le regarda d'un air de dédain et avec un sourire moqueur, comme pour comparer les honneurs dont on l'accablait, avec l'oubli dans lequel on le laissait, lui, général grec, dont on paraissait pourtant être venu embrasser et défendre la cause. Nikitas, indigné, lança sur lui des yeux pleins de feu et étincelants de colère, qui firent baisser ceux d'Ibrahim. Il avait déjà porté sa main à la poignée de son sabre, quand, modérant tout à coup ses transports, il avança quelques pas, de manière à être aperçu du général Maison, ou des autres généraux qui l'accompagnaient. Le général Schneider le remarqua; il s'approcha aussitôt de lui, lui serra la main, lui adressa mille paroles flatteuses, et lui offrit un cheval, que le capitaine grec refusa. Après la revue, deux généraux vinrent encore à sa rencontre, et le prièrent d'agréer leurs excuses, et celles du général en chef, qui ne l'avait pas aperçu. » in Jacques Mangeart, Souvenirs de la Morée: recueillis pendant le séjour des Français dans le Péloponèse, Igonette; Paris, 1830.
915 morts consignés par le Dr Roux dans les hôpitaux de Navarin, Modon, Coron et Patras. Il estime que ce nombre s’élève en réalité à 1 000, en prenant en compte les décès des malades et convalescents rapatriés en France dès 1829. Roux estime ainsi le taux de mortalité autour de 18 %. in Gaspard Roux, médecin en chef, Histoire médicale de l'armée française en Morée, pendant la campagne de 1828, Méquignon l'aîné père, Paris, 1829.
« Il faut remarquer, à l'égard du camp de la Djalova, que le 16e régiment, que le 35e, que l'artillerie et le génie se trouvaient campés dans une plaine basse et très voisine d'un marais; que l'influence des effluves susceptibles de se dégager d'un tel foyer d'infection ne pouvait qu'être augmentée par l'action d'un soleil très ardent. Ce voisinage était d'autant plus pernicieux que les soldats allaient chercher dans ce même marais des joncs pour travailler à leurs baraques. Un fait digne d'être noté, touchant l'action délétère de cette source d'agents pathogéniques, c'est que les compagnies des régiments qui occupaient l'extrémité de la ligne de ce côté, ont été celles qui ont offert le plus de malades, et les affections les plus graves. » p. 17, Gaspard Roux, médecin en chef, Histoire médicale de l'armée française en Morée, pendant la campagne de 1828, Méquignon l'aîné père, Paris, 1829.
(en) Andreas Kastanis, « The teaching of mathematics in the Greek military academy during the first years of its foundation (1828–1834) », Historia Mathematica, vol. 30, no 2, , p. 123-139 (ISSN0315-0860, DOI10.1016/s0315-0860(02)00023-x, lire en ligne)
Monument en obélisque conçu à Paris et construit à Athènes dans l'atelier de sculpture sur marbre de Ioannis Chaldoupis en 1903 (sur le site internet de la municipalité de Nauplie).
nih.gov
ncbi.nlm.nih.gov
(en) R. Kyle et M/ Shampe, « Discoverers of quinine », Journal of the American Medical Association, vol. 229, , p. 462 (PMID4600403, DOI10.1001/jama.229.4.462)
Aux Archives du Ministère grec de l’aménagement du territoire, de l'habitat et de l'environnement (ΥΠΕΧΩΔΕ) se trouvent 2 copies originales du plan de Modon (signées par Ioánnis Kapodístrias, et dont l'une porte en bas à droite une note de Audoy : « Levé et dessiné par moi, lieutenant du génie, Modon, 4 mai 1829 - Signature - Audoy ») et une copie du plan de Navarin (signée par Kapodístrias le 15 janvier 1831). Ces plans d'urbanisme portent respectivement les nos 1 et 2 des Archives du Ministère. in Vassilis Dorovinis, Capodistrias et la planification d'Argos (1828-1832), p. 502, note 2, Bulletin de Correspondance Hellénique Année 1980 Suppl. 6 p. 501-545.
Stéphane Gioanni, « Jean-Baptiste Vietty et l'Expédition de Morée (1829). À propos de deux manuscrits retrouvés », De Boccard, vol. 2, no 1, , p. 383-429 (DOI10.3406/jds.2008.5891, lire en ligne)
M. Cavvadias, Éphore général des Antiquités, « Discours pour le cinquantenaire de l'École Française d'Athènes », Bulletin de Correspondance Hellénique, XXII, suppl. 1898, p. LVIII. Lien Persée
sciencedirect.com
(en) Andreas Kastanis, « The teaching of mathematics in the Greek military academy during the first years of its foundation (1828–1834) », Historia Mathematica, vol. 30, no 2, , p. 123-139 (ISSN0315-0860, DOI10.1016/s0315-0860(02)00023-x, lire en ligne)
Michel Sivignon, Université Paris X - Nanterre, Les enseignements de la carte de Grèce à l’échelle de 1/200.000 (publiée en 1852) (Pergamos - Bibliothèque digitale de l’Université d’Athènes). Communication présentée au colloque de Gythion-Aréopolis Lakonias « Voyageurs et expéditions scientifiques: témoignages sur l'espace et la société de Mani », 4-7 novembre 1993 et publiée in « Mani. Témoignages sur l’espace et la société. Voyageurs et expéditions scientifiques (15e-19e siècle) », Athènes, Institut d’Études Néo-helléniques, 1996, p. 435-445.
wikipedia.org
en.wikipedia.org
« Ce fut le 1er d'octobre qu'eut lieu, à quelque distance de Navarin, et presque sur le rivage de la mer, la revue des troupes françaises récemment arrivées en Morée. Déjà le général Maison, entouré du plus brillant état-major, parcourait à cheval les rangs de nos phalanges que la mort et les maladies n'avaient pas encore atteintes (…) Le prince égyptien venait d'arriver au camp français, sans pompe et sans escorte, accompagné seulement de M. Abro, son interprète. Le général Maison ayant appris l'arrivée imprévue du fils de Méhémet, lui envoya, par un de ses aides-de-camp, un cheval sur lequel il le priait de venir le rejoindre. Ibrahim, après l'avoir refusé d'abord, sous prétexte qu'il se rendrait à pied auprès du général français, finit par le monter; un autre cheval fut offert à M. Abro, qui accompagna son chef jusqu'auprès du général Maison. Ibrahim complimenta le général en chef sur la bonne tenue et la précision des mouvements de nos troupes : mais il ne put contenir son enthousiasme et son admiration quand il vit manœuvrer nos chasseurs à cheval (…) Ibrahim en fit des compliments tout particuliers au colonel de ce régiment, qui lui offrit un équipement complet de chasseur, sans oublier les harnachements du cheval; Son Altesse, à son tour, fit à M. de Faudoas(en), cadeau d'un damas qui a été estimé d'une valeur de 10 000 francs (…) Le fils du vice-roi d'Égypte avait alors trente huit ans. Quoique d'une petite taille, il était doué d'une force prodigieuse. Les chirurgiens français, que j'ai vus dans son camp, m'ont assuré qu'il avait plus d'une fois abattu la tête d'un taureau d'un seul coup de son damas. Une barbe longue et roussâtre donne à sa figure, fortement marquée de petite vérole, un air sombre et farouche. Ses membres sont d'une grosseur extraordinaire. Quand il se rendit à la revue dont nous venons de parler, il était vêtu très simplement, quoique d'une manière riche et distinguée. Il avait sur la tête une large calotte rouge, surmontée d'un gland de soie bleu assez long. Une veste couleur amaranthe, et chargée de belles broderies de soie, le serrait étroitement, et faisait voir en même temps tout son embonpoint; une ceinture de soie soutenait son large pantalon, de même couleur que la veste, et non moins couvert de broderies. Il n'avait d'autres armes, qu'un riche sabre recourbé, et renfermé dans un fourreau plus riche encore (…) La nouvelle de la revue des troupes françaises avait également excité la curiosité des soldats grecs qui ne se trouvaient pas loin de là. Le général Nikitas, supérieur à la maladie qui l'accablait, et aux fatigues dont il était épuisé, voulut aussi jouir de ce nouveau spectacle. Il arriva au lieu de la revue, au moment où le général Maison parcourait, avec le chef égyptien, les rangs de nos brillantes légions. Il était suivi d'une douzaine de Grecs vêtus aussi misérablement que lui. Doué d'une taille aussi haute que celle d'Ibrahim est petite, il est aussi maigre, et paraît aussi souffrant, que celui-ci est gras et bien portant. Une paire d'énormes pistolets étaient attachés à sa ceinture, ainsi qu'un long yatagan, espèce de sabre presque droit, ou légèrement recourbé en sens contraire aux nôtres ; il avait de plus, un damas d'une trempe semblable peut-être à celle du sabre d'Ibrahim, mais renfermé dans un fourreau de bien moins de valeur. Il s'arrêta pour voir passer les généraux qui entouraient le fils de Méhémet. Celui-ci l'aperçut, et le regarda d'un air de dédain et avec un sourire moqueur, comme pour comparer les honneurs dont on l'accablait, avec l'oubli dans lequel on le laissait, lui, général grec, dont on paraissait pourtant être venu embrasser et défendre la cause. Nikitas, indigné, lança sur lui des yeux pleins de feu et étincelants de colère, qui firent baisser ceux d'Ibrahim. Il avait déjà porté sa main à la poignée de son sabre, quand, modérant tout à coup ses transports, il avança quelques pas, de manière à être aperçu du général Maison, ou des autres généraux qui l'accompagnaient. Le général Schneider le remarqua; il s'approcha aussitôt de lui, lui serra la main, lui adressa mille paroles flatteuses, et lui offrit un cheval, que le capitaine grec refusa. Après la revue, deux généraux vinrent encore à sa rencontre, et le prièrent d'agréer leurs excuses, et celles du général en chef, qui ne l'avait pas aperçu. » in Jacques Mangeart, Souvenirs de la Morée: recueillis pendant le séjour des Français dans le Péloponèse, Igonette; Paris, 1830.
el.wikipedia.org
(el) Despina Thémeli-Katifori(el) (Θεμελή-Κατηφόρη Δέσποινα), Το Γαλλικό Ενδιαφέρον για την Ελλάδα στην Περίοδο του Καποδίστρια 1828-1831, Αθήνα, εκδ. Επικαιρότητα, 1985, (L’intérêt français pour la Grèce pendant la période capodistrienne 1828-1831, Athènes, éd. Epikairotita, 1985).
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Victor Hugo, Les Orientales, Charles Gosselin, Paris, 1829.