Audition de M. Faustin Twagiramungu devant la mission d'information parlementaire française : « Il a estimé que les rapports entre le président François Mitterrand et le président Habyarimana n’étaient pas privilégiés, mais qu’ils résultaient, à son avis, d’une coopération qui s’était tissée au fil du temps. »
Jacques Morel, La France au cœur du génocide des Tutsi, Izuba édition - L'Esprit frappeur, 2010, 1 500 pages. Livre de Jacques Morel disponible aussi en ligne, chapitre 7, 230 pages, « L’attentat du 6 avril : pistes pour une enquête jamais faite ».
Par la journaliste Colette Braeckman, spécialiste de l’Afrique des grands lacs dans le journal Le Soir de Bruxelles notamment « Le mystère du super gendarme ».
Extrait d'un Document législatif du Sénat de Belgique : « le président Habyarimana avait un problème. La Seconde République qu'il créa en 1973 était au départ une revanche des Rwandais du Nord sur les Rwandais du Sud du Parmehutu (104). Mais une fois qu'il fut clair que les portefeuilles ministériels, les opportunités économiques et les bourses d'études à l'étranger allaient avant tout aux Rwandais du Nord, ceux-ci commencèrent à s'entre-déchirer pour savoir qui se taillerait la part du lion. Le président et son épouse favorisaient les gens de la préfecture de Gisenyi par rapport au groupe de la préfecture de Ruhengeri, dirigé par le ministre des Affaires étrangères Casimir Bizimungu et le ministre des Travaux publics Joseph Nzirorera. Ceux du clan de Ruhengeri furent donc contraints de jouer les seconds couteaux derrière ceux du clan de Gisenyi. Mais cela ne s'arrêtait pas là. Les faveurs étaient accordées en fonction de la commune d'origine et à ce niveau, le président avait une faiblesse. Le président Habyarimana était né dans la commune de Karago, mais il n'était pas « quelqu'un », il n'était pas issu d'un lignage respectable. En fait, des rumeurs persistantes rapportaient que son grand-père aurait été un immigrant provenant soit de la province ougandaise de Kigezi, soit de la province zaïroise du Kivu. Il était à plusieurs égards un homme seul, qui s'était forgé lui-même. Bien qu'étant devenu le mwami des Hutus, le shebuja à la tête du pays, il n'avait pas de véritables abagaragu qui fussent dévoués entièrement à sa personne.
Enfin, le cas de la femme du président était différent. Agathe Kanziga provenait de Bushiru et était la fille d'un de ces petits lignages Abahinza du Nord qui dirigèrent de petites principautés indépendantes jusqu'à la fin du XIXe siècle et, dans certains cas même, jusque dans les années 1920. Elle et sa famille étaient très fières de leur lignage qui était vaste et bien connu. Le président s'en remettait donc au clan de sa femme et à ses abagaragu pour être ses yeux et ses oreilles. Elle devint si puissante qu'on lui donna le surnom « Kanjogera », en mémoire de la terrible mère du roi Musinga, qui tenait les rênes du pouvoir dans l'ombre du trône. Son époux se reposait sur elle et sur sa famille, mais peu à peu, il devint leur prisonnier et finalement leur victime. (105) Dans le climat de la fin des années 1980, alors que la compétition politique pour arracher le contrôle d'une économie en net recul s'intensifiait, les projets de succession que le président Habyarimana nourrissait pour le colonel Mayuya constituaient une grave menace pour le Clan de Madame qui risquait de perdre le contrôle du pouvoir à un moment où ce contrôle était plus vital que jamais car Mayuya était l'homme du président (l'un des rares ! (106)). Le colonel Serubuga, un des akazu les plus puissants, organisa le meurtre de Mayuya. Le sergent qui appuya sur la détente fut par la suite assassiné en prison et le magistrat du ministère public chargé du dossier fut assassiné pendant l'instruction. »
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Cité dans le rapport remis par la commission d'enquête du Sénat belge.