Le Figaro, mardi 5 mars 1918. « M. et Mme Jacques Baignères nous font part de la mort de Mme Baignères, décédée en son hôtel, 40, rue du Général-Foy. Née Laure Boilay, veuve de M. Henry Baignères, elle avait autant de grâce que d'esprit. Son salon fut marquant, et groupa pendant des années nombreuses une véritable élite. Elle le présidait avec autant de tact que d'agrément, et le tour rapide de son esprit y faisait naître des mots qu'on se répétait. Mère très tendre, elle était une amie très sûre dont les préférences excluaient la banalité. Souffrante depuis longtemps, elle vivait plus retirée du monde, où la nouvelle de sa mort laissera de vrais regrets. Ses obsèques seront célébrées, à l'église Saint-Augustin, demain mercredi 6 mars, à dix heures. Ni fleurs ni couronnes »
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Sur la carrière d'Antoine Fortuné Boilay, voir Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris, Hachette, 1870. (en ligne).
Balade littéraire avec Marcel Proust à Trouville« Marcel passe une partie de l’automne 1891 au beau manoir des Frémonts chez Arthur Baignères, oncle de son camarade de classe Jacques Baignères. [...] Les Frémonts sont le modèle de la villa de la Raspelière dans La Recherche. Construite en L et sur un petit sommet, la propriété donne à la fois sur la Manche et, de l’autre côté, sur la campagne normande. Il s’y trouve de nouveau en août 1892. C’est l’époque de la bande de copains. Jacques Bizet et Fernand Gregh sont chez Geneviève Straus, mère de Jacques, qui a loué le manoir de la Cour brûlée à Mme Aubernon de Nerville, amie de Proust, qui fréquente son salon à Paris ».
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Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, édition 1919, tome 7, Le côté de Guermantes, p. 21« Peut-être Mme Leroi connaissait-elle aussi ces éminentes personnalités européennes. Mais en femme agréable et qui fuit le ton des bas bleus elle se gardait de parler de la question d’Orient aux premiers ministres aussi bien que de l’essence de l’amour aux romanciers et aux philosophes. « L’amour ? avait-elle répondu une fois à une dame prétentieuse qui lui avait demandé : « Que pensez-vous de l’amour ? » L’amour ? je le fais souvent mais je n’en parle jamais. » Quand elle avait chez elle de ces célébrités de la littérature et de la politique elle se contentait, comme la duchesse de Guermantes, de les faire jouer au poker. Ils aimaient souvent mieux cela que les grandes conversations à idées générales où les contraignait Mme de Villeparisis. Mais ces conversations, peut-être ridicules dans le monde, ont fourni aux « Souvenirs » de Mme de Villeparisis de ces morceaux excellents, de ces dissertations politiques qui font bien dans des Mémoires comme dans les tragédies à la Corneille. D’ailleurs les salons des Mme de Villeparisis peuvent seuls passer à la postérité parce que les Mme Leroi ne savent pas écrire, et le sauraient-elles, n’en auraient pas le temps. Et si les dispositions littéraires des Mme de Villeparisis sont la cause du dédain des Mme Leroi, à son tour le dédain des Mme Leroi sert singulièrement les dispositions littéraires des Mme de Villeparisis en faisant aux dames bas bleus le loisir que réclame la carrière des lettres ».