Guillaume Cazeaux, Odyssée 2.0 : la démocratie dans la civilisation numérique, Paris, Armand Colin, , 320 p. (ISBN978-2-200-28948-5, présentation en ligne), p. 104 : « Avant l'avènement du web participatif, il fallait nécessairement passer par la presse pour s'exprimer face à un large public. Autant dire que l'immense majorité des citoyens n'avaient pas cette opportunité. […] Depuis le début du XXIe siècle, le web permet l'irruption dans l'espace public de ce peuple au nom duquel les pouvoirs - politique et médiatique - ont toujours voulu parler, et qu'ils ont pris l'habitude d'infantiliser, en contrôlant sa prise de parole. ».
Voir par exemple :Lao Tseu traduit par Jules Besse, éd. Leroux, Paris, 1909 « Qui pourrait se flatter d'en savoir plus long que les autres et de faire bénéficier le monde d'un savoir certain ? seulement le fou qui croirait s'être mis dans la tête et posséder à fond la Doctrine » (p. 156) ; « La vérité, exprimée, n'est pas belle. De belles paroles sont incapables de dire la vérité. Les plus beaux raisonnements, exprimés, n'ont rien de décisif. Eût-on à dire quelque chose de décisif, il serait impossible de le faire passer pour excellent […] La sainteté consiste à emmagasiner un minimum d'idées » (p. 162).
Ibid. p. 11.. Dans le même registre, Cicéron affirmait qu'à la différence de celui utilisant la parole sans sagesse, « celui qui se revêt des armes de l'éloquence, non pour attaquer, mais pour défendre les intérêts de son pays (lui semblait) aussi utile à l'État qu'à lui-même, et le meilleur des citoyens » (Ibid.).
Platon fait dire à Socrate: « As-tu jamais entendu quelqu'un de ceux dont se compose la foule prouver autrement que par des raisons ridicules et pitoyables que ce qu'il estime bon et honnête est tel en effet? »(Ibid, Livre VI, p. 240-241).
La Cité de Dieu, Livre II chapitre I: Les disputes n'auraient point de fin si l'on répondait toujours, p. 329-330: « Si l'esprit faible de l'homme, au lieu de résister hardiment aux vérités les plus claires, voulait se soumettre aux enseignements d'une saine doctrine, jusqu'à ce que, par sa foi et son humilité, il obtint de Dieu la grâce nécessaire pour le guérir, ceux qui jugent sainement et s'expliquent avec facilité, n'auraient pas le besoin de longs discours pour réfuter l'erreur. Mais parce que cette maladie et cette extravagance est plus grande aujourd'hui que jamais, et que les hommes, par un excès d'aveuglement ou d'opiniâtreté, soutiennent les propositions les plus déraisonnables, comme si c'était la raison et la vérité mêmes, on est souvent obligé, quoiqu'on y ait satisfait pleinement, et autant qu'un homme le doit attendre d'un autre, de s'étendre beaucoup sur des choses fort claires (…). Et néanmoins, si nous voulions toujours répondre à ceux qui nous répondent, quand finiraient nos contestations ? ».
Thomas Hobbes (trad. Raoul Anthony, Traduction française en partie double d'après les textes anglais et latin originaux), Léviathan ou La matière, la forme et la puissance d'un état ecclésiastique et civil [« Leviathan »], (lire en ligne)
Dans un chapitre sur les « vertus communément appelées intellectuelles », il affirmait : (…) « …dans le laisser-aller voulu de l'esprit et dans une société familière, on peut s'amuser des sons et des significations équivoques des mots : mais dans un Discours ou en public, ou devant des personnes inconnues, ou devant ceux à qui on doit le respect, tout jeu de mots est tenu pour sottise; et ce qui fait la différence est seulement le manque de discrétion »(ibid. p. 105).
Reprenant les termes d'un décret du 18 juillet 1791 de l'Assemblée nationaleconcernant les peines à prononcer contre les personnes qui provoqueront le meurtre, le pillage, l'incendie, ou conseilleront désobéissance à la loi et insulteront la force publique en fonctions.
Voir par exemple à propos de celle du prince de Monaco, l'arrêt précité de la Cour européenne des droits de l'homme du 10 novembre 2015, Couderc et Hachette-Filipacchi Associés c/ France. Aux États-Unis, la Californie s'est dotée le 30 septembre 2014 d'une loi AB-1256 (dite antipaparazzi) dont le caractère restrictif risque d'être censuré par la Cour suprême pour violation du 1er amendement.
C'est par exemple la démarche adoptée par la Cour européenne des droits de l'homme à propos des atteintes aux libertés de religion et d'association (garanties respectivement par les articles 9 et 11 de la Convention)(Voir notamment ses arrêts Chassagnou c/France, Leyla Ṣahin c/ Turquie précités et S.A.S. c/ France du 1er juillet 2014, n° 163).
Arrêt du 20 septembre 1994, Otto Preminger Institut c/ Autriche (considérant 48), à propos de la saisie d’un film d’après une pièce d’Oscar Panizza, Le Concile d’amour, jugée blasphématoire; voir également dans le même sens l'arrêt du 25 novembre 1996, Wingrove c/ Royaume-Uni, à propos de l'interdiction d'une vidéo sur sainte Thérèse d'Avila, elle aussi jugée blasphématoire, et celui du 13 septembre 2005, I.A. c/ Turquie, à propos de la condamnation pour blasphème de l'éditeur turc d'un ouvrage critiquant les religions et plus spécialement l'Islam en des termes jugés injurieux pour le Prophète.
Ainsi, après que dans un arrêt 17 juillet 2001 rendu à propos de l'interdiction d'un ouvrage sur l'autonomisme basque la Cour européenne des droits de l'homme eut censuré le régime de contrôle renforcé sur les publications étrangères de l'art. 14 de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse, le décret du 4 octobre 2004 y a mis fin.
Le Conseil constitutionnel la rattache au «droit d'expression collective des idées et des opinions», qu'il déclare liberté constitutionnellement garantie(décision du 18 janvier 1995).
TGI de Paris, 22 mars 2007, Société des Habous et des Lieux saints de l'Islam c/ Val, D. 2007 p. 1023; et arrêt de la Cour d'appel de Paris du 12 mars 2008; dans un jugement du 22 octobre 2002, le Tribunal correctionnel de Paris avait déjà relaxé l'écrivain Michel Houellebecq, incriminé pour des propos jugés offensants par des associations musulmanes.
Selon elle, les propos incriminés « ne visaient pas à inciter ou à favoriser un acte illégal imminent » et n'étaient pas « susceptibles d'inciter ou de produire cette action » (Arrêt du 6 juin 1969, Brandenburg v. Ohio).
En considérant toutefois qu'en l'espèce, compte tenu de ses modalités, elle n'était pas excessive (arrêt du 19 juillet 2011).
Conseil constitutionnel, Décision du 21 janvier 1994, (considérant no 3): «la libre communication des pensées et des opinions, garantie par l’art.11 de la Déclaration de 1789, ne serait pas effective si le public auquel s’adressent les moyens de communication audiovisuelle n’était pas à même de disposer, aussi bien dans le cadre du secteur privé que dans celui du secteur public, de programmes qui garantissent l’expression de tendances de caractère différent ».
Voir par exemple l'arrêt du Conseil d'État du 8 juin 1979, Chabrol et SA films La Boétie, suspendant l'autorisation d'exploitation du film « Les Noces rouges » inspiré d'une affaire criminelle jusqu'à la tenue du procès d'assises, sa projection pouvant « préjudicier aux droits de l'accusé ».
Ainsi, dans un arrêt du 16 juillet 1997, la Cour de cassation a considéré comme manifestement illicites les révélations sur la maladie du Président Mitterrand faites par son ancien médecin dans le livre « Le grand secret ».
« Certes, on dit : la liberté de parler, ou d'écrire peut nous être retirée par un pouvoir supérieur mais absolument pas celle de penser. Toutefois, quelles seraient l'ampleur et la justesse de notre pensée, si nous ne pensions pas en quelque sorte en communauté avec d'autres à qui nous communiquerions nos pensées et qui nous communiqueraient les leurs! On peut donc dire que ce pouvoir extérieur qui dérobe aux hommes la liberté de communiquer en public leurs pensées, leur retire aussi la liberté de penser »(« Que signifie s'orienter dans la pensée ? », texte publié en octobre 1786 dans le Berlinische Monatsschrift, traduction de Jean-François Poirier et Françoise Proust, dans Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle… et autres textes, Paris, Flammarion, 1991, p. 69; original consultable sur Berlinische Monatsschrift, p. 304-330.