« Il y a des comédiens ici qui portaient mon nom autrefois ; je leur ai fait dire de le quitter et vous croyez bien que je n'ai eu garde de les aller voir. » Lettre adressée de Lyon, le , par le prince de Conti à son directeur spirituel Gabriel de Ciron. Citée dans un discours de Wladimir d'Ormesson.
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Nicolas Boileau confiera plus tard à son ami Pierre Le Verrier : « Tout abbé qu'il était, jamais homme ne fut plus passionné pour la comédie. Il était ami de Molière, qui […] souffrit que cet abbé allât dans leurs loges, et c'était lui qui mettait la paix entre elles. Car à coup sûr elles sont toujours brouillées ensemble. » (Les Satires de Boileau commentées par lui-même, p. 41.)
Correspondance de Roger de Rabutin, comte de Bussy avec sa famille et ses amis, t. II, Paris, (lire en ligne), p. 147 et Mémoires du P. René Rapin, t. I, Paris, (lire en ligne), iv.
Émile Magne, Une amie inconnue de Molière; suivi de Molière et l'Université, (lire en ligne), p. 22.
bnf.fr
gallica.bnf.fr
Voir Thierry-Barbin 1682. La seule source qui nous fasse connaître le nom de ces auteurs est Jean-Nicolas de Tralage, neveu du lieutenant de police Gabriel Nicolas de La Reynie, qui, dans une note manuscrite qu'on peut dater de 1696, écrit : « Ceux qui ont eu soin de la nouvelle édition des Œuvres de Molière faite à Paris chez Thierry, l'an 1682, en huit volumes in-12, sont M. Vivot et M. de La Grange. Le premier était un des amis intimes de l'auteur, et qui savait presque tous ses ouvrages par cœur. L'autre était un des meilleurs acteurs de la troupe […]. La préface qui est au commencement de ce livre est de leur composition. » [Notes et documents sur l'histoire des théâtres de Paris au XVIIe siècle, par Jean Nicolas Du Tralage ; extraits mis en ordre et publiés d'après le manuscrit original par le bibliophile Jacob, avec une notice sur le recueil du sieur Du Tralage, Paris, 1880, p. 30-31, [consultable sur Gallica].] Sur l'identité du sieur Vivot, voir l'article très documenté de Mesnard 1992.
Charles Boullanger de Challuset (ou Le Boulanger de Chalussay), auteur d'une comédie satirique intitulée Élomire hypocondre, ou Les Médecins vengés (Élomire est une anagramme de Molière). Sur ce personnage, qui paraît bien informé de certains faits de la jeunesse de Molière, voir Madeleine Jurgens, « Qui était Boullanger de Challuset ? », Revue d'histoire du théâtre, , p. 428-440. Sa comédie, qui n'a probablement jamais été représentée, est considérée par les historiens comme « un texte de première importance ». L'édition originale de 1670, supprimée à la suite des poursuites intentées par Molière (dont fait état un « Avis au lecteur » que l'on trouve dans les réimpressions), est « accessible en ligne sur Gallica ». On peut lire « sur le même site » l'édition critique procurée par Louis Moland au XIXe siècle.
L'accent grave n'était pas encore en usage au XVIIe siècle (sauf sur les mots à, là, où), comme on peut le vérifier dans toutes les publications de l'époque, et en particulier dans le premier « Dictionnaire de l'Académie française » paru en 1694, trente ans après la mort de Molière (voir par exemple les entrées : amere, amerement, barriere, carrière, épithete, guere, première, premièrement, dernière, dernierement, etc.).
Rey & Lacouture 2007, p. 21-22. On a observé depuis longtemps que Magdelon, la jeune précieuse que Madeleine Béjart incarnera en 1659 dans Les Précieuses ridicules, a choisi le nom de Polixène pour se faire valoir dans le monde. Il est vrai que ce nom était déjà celui d'un personnage de La « Comédie sans comédie » de Philippe Quinault, que les comédiens du Marais avaient créée au milieu des années 1650.
« Lettre de Racine à l'abbé Le Vasseur », 23 novembre 1663, dans Œuvres de J. Racine, nouvelle édition, tome VI, Paris, Hachette, 1865, p. 506. L'accusation sera formulée à plusieurs reprises au cours des décennies suivantes, notamment par un certain Henry Guichard, au cours du procès qui l'opposera en 1675 à Lully.
Voir la lettre du ministre des Affaires étrangères, Hugues de Lionne, au secrétaire de la reine Christine de Suède qui demandait à voir une copie du Tartuffe : « Molière ne voudrait pas hasarder de laisser rendre sa pièce publique, pour ne pas se priver de l’avantage qu’il se peut promettre, et qui n’irait pas à moins de 20 000 écus pour toute sa troupe, si jamais il obtenait la permission de la représenter. » (Lettre citée in extenso dans les Œuvres de Molière, Paris, Hachette, 1878, t. IV, p. 310, [lire en ligne]).
Poème de quelque 360 vers écrit pour « célébrer les peintures dont Mignard vient d'orner le dôme de l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce » (Chevalley 1973, p. 285). Selon Boileau, « ce poème peut tenir lieu d'un traité complet de peinture, et l'auteur y a fait entrer toutes les règles de cet art admirable. Il y montre particulièrement la différence qu'il y a entre la peinture à fresque et la peinture à l'huile. » (Forestier-Bourqui, t. 2, p. 1350. Lire La Gloire du Val-de-Grâce.
Son ami Le Verrier ayant écrit que Boileau « était fort assidu aux comédies de Molière », Boileau corrige : « Je n'étais point assidu aux comédies de Molière. » Les Satires de Boileau commentées par lui-même, 1906, p. 41, consultable sur Gallica.
Correspondance de Roger de Rabutin, comte de Bussy avec sa famille et ses amis, t. II, Paris, (lire en ligne), p. 147 et Mémoires du P. René Rapin, t. I, Paris, (lire en ligne), iv.
Charles Sorel, La Bibliotheque françoise, seconde édition, Paris, (lire en ligne), p. 261-262
Charles Coypeau d’Assoucy, Aventures burlesques de Dassoucy, Paris, Delahays, (lire en ligne), p. 96-97.
Brécourt (1638?-1685), L'Ombre de Molière : (1673) : comédie en 1 acte et en prose : par Brécourt ; avec une notice par le bibliophile Jacob, Librairie des bibliophiles, (lire en ligne).
books.google.com
« Il a connu le caractère du comique et l’exécute naturellement. L’invention de ses meilleures pièces est inventée [sic], mais judicieusement. Sa morale est bonne et il n’a qu’à se garder de la scurrilité [bouffonnerie]. » Jugement extrait de la « Liste de quelques gens de lettres vivant en 1662 » (manuscrit conservé à la BNF, cote Ms. fr. 23045), reproduite dans Desmolets, Mémoires de littérature et d'histoire, Paris, 1749, II, 1, p. 24, consultable en ligne sur Google Livres.
bowdoin.edu
se17.bowdoin.edu
Sophia Khadraoui et Sandrine Simeon, « Une imposture peut en cacher une autre : un frontispice de Tartuffe démasqué », Cahiers du dix-septième, vol. 13, no 2, (lire en ligne).
« Le bruit a couru que Molière / Se trouvait à l'extrémité / Et proche d'entrer dans la bière. » (Charles Robinet, Lettre en vers à Madame du 16 avril.)
Cette lettre du célèbre la nouveauté de l'art de Molière, à une époque où celui-ci n'avait pas encore conquis tout Paris. Sur les rapports entre les deux écrivains, voir Collinet 1974, p. 173-185.
La Polyxene de Moliere, 3e édition, (lire en ligne).
Daniel de Cosnac, qui était alors aumônier de Conti, a raconté dans ses Mémoires (Paris, 1852, tome I, p. 127-128), la manière dont il imposa Molière et ses camarades contre l'avis du prince, qui s'était engagé avec une troupe concurrente.
Dans sa première remarque sur la IIeSatire de Boileau, dédiée à Molière, Claude Brossette écrit : « Elle fut faite en 1664. La même année, l'auteur étant chez M. Du Broussin avec M. le duc de Vitry et Molière, ce dernier y devait lire une traduction de Lucrèce en vers français qu'il avait faite dans sa jeunesse. En attendant le dîner, on pria M. Despréaux [= Boileau] de réciter la satire adressée à Molière, et Molière ne voulut plus lire sa traduction, craignant qu'elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges qu'il venait de recevoir. Il se contenta de lire le premier acte du Misanthrope, auquel il travaillait en ce temps-là […]. » (Œuvres de Mr. Boileau Despréaux, tome I, Genève, 1716, p. 21, en ligne.)
Pierre Bayle rend compte, dans son Dictionnaire historique et critique, de la légende alors répandue selon laquelle Molière serait mort sur scène : « Une infinité de gens ont dit qu'il expira dans cette partie de la pièce […] Cette singularité parut tenir quelque chose du merveilleux, et fournit aux poëtes une ample matière de pointes et d'allusions ingénieuses : c'est apparemment ce qui fit que l'on ajouta beaucoup foi à ce conte. Il y eut même des gens qui le tournèrent du côté de la réflexion et qui moralisèrent beaucoup sur cet incident. » (Dictionnaire historique et critique, p. 870.).
Menagiana ou bons mots, rencontres agréables, pensées judicieuses et observations curieuses de M. Ménage, I, Paris, 1694, p. 233, accessible sur Google Livres. Quoi qu'en dise cet auteur, le langage précieux n'a pas disparu, comme le souligneront Voltaire et divers commentateurs (voir Notice des Précieuses ridicules, p. 196-198).
Voir Isambert, Taillandier & Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, tome XVI, Paris, 1829, p. 536-537.
Joseph de Voisin, La Défense du traitté de Monseigneur le prince de Conti touchant la comédie et les spectacles, Paris, (lire en ligne), p. 419.
Brigitte Salino, Jérôme Gautheret, Frédéric Lemaître et Isabelle Piquer, « Molière, un auteur au Panthéon des célébrités mondiales », Le Monde, (lire en ligne)
Molière s'est intéressé plus tard à l'épicurisme dans la version radicale qu'en donne le De rerum natura de Lucrèce, dont il a traduit des fragments du deuxième livre dans un mélange de vers et de prose, dont rien ne subsiste aujourd'hui. Pas moins de six témoignages contemporains font état de cette « traduction ». Voir le texte de ces témoignages sur le site Molière-Corneille et à la date du dans les Éphémérides de François Rey, accessibles en ligne. Mais s'il faut en croire Michel de Marolles, cette traduction, qui était plutôt une adaptation comme d'autres avant lui s'y étaient exercés (en particulier Charles Cotin dans son Théoclée de 1646), avait été faite d'après la traduction en prose que Marolles lui-même avait fait paraître en 1650, puis en 1659. Celui-ci écrit dans la préface des Six livres de Lucrèce. De la nature des choses, troisième édition, 1677 : « Plusieurs ont ouï parler de quelques vers [d']après la traduction en prose qui fut faite de Lucrèce dès l’année 1649 [sic], dont il y a eu deux éditions. Ces vers n’ont vu le jour que par la bouche du comédien Molière, qui les avait faits [comprendre : ils n'ont pas été imprimés] […] Il les avait composés, non pas de suite, mais selon les divers sujets tirés des livres de ce poète, lesquels lui avaient plu davantage, et les avait faits de diverses mesures. Je ne sais s’il se fût donné la peine de travailler sur les points de doctrine et sur les raisonnements philosophiques de cet auteur, qui sont si difficiles, mais il n’y a pas grande apparence de le croire, parce qu’en cela même il lui eût fallu donner une application extraordinaire, où je ne pense pas que son loisir, ou peut-être quelque chose de plus, le lui eût pu permettre, quelque secours qu’il eût pu avoir d’ailleurs, comme lui-même ne l’avait pas nié à ceux qui voulurent savoir de lui de quelle sorte il en avait usé pour y réussir aussi bien qu’il faisait, leur ayant dit plus d’une fois qu’il s’était servi de la version en prose dédiée [par Marolles, en 1650] à la Sérénissime reine Christine de Suède. »
Pour une consultation des actes notariés dans lesquels signent les comédiens avec leurs noms de « fief », voir les ouvrages de Sophie Wilma Deierkauf-Holsboer sur Le Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne (Paris, Nizet, 1968) ; sur Le Théâtre du Marais (Paris, Nizet, 1954) et d'Alan Howe sur Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649 (Paris, Archives nationales, 2000). La plus récente mise au point sur ce sujet se trouve à cette adresse.
Molière s'est intéressé plus tard à l'épicurisme dans la version radicale qu'en donne le De rerum natura de Lucrèce, dont il a traduit des fragments du deuxième livre dans un mélange de vers et de prose, dont rien ne subsiste aujourd'hui. Pas moins de six témoignages contemporains font état de cette « traduction ». Voir le texte de ces témoignages sur le site Molière-Corneille et à la date du dans les Éphémérides de François Rey, accessibles en ligne. Mais s'il faut en croire Michel de Marolles, cette traduction, qui était plutôt une adaptation comme d'autres avant lui s'y étaient exercés (en particulier Charles Cotin dans son Théoclée de 1646), avait été faite d'après la traduction en prose que Marolles lui-même avait fait paraître en 1650, puis en 1659. Celui-ci écrit dans la préface des Six livres de Lucrèce. De la nature des choses, troisième édition, 1677 : « Plusieurs ont ouï parler de quelques vers [d']après la traduction en prose qui fut faite de Lucrèce dès l’année 1649 [sic], dont il y a eu deux éditions. Ces vers n’ont vu le jour que par la bouche du comédien Molière, qui les avait faits [comprendre : ils n'ont pas été imprimés] […] Il les avait composés, non pas de suite, mais selon les divers sujets tirés des livres de ce poète, lesquels lui avaient plu davantage, et les avait faits de diverses mesures. Je ne sais s’il se fût donné la peine de travailler sur les points de doctrine et sur les raisonnements philosophiques de cet auteur, qui sont si difficiles, mais il n’y a pas grande apparence de le croire, parce qu’en cela même il lui eût fallu donner une application extraordinaire, où je ne pense pas que son loisir, ou peut-être quelque chose de plus, le lui eût pu permettre, quelque secours qu’il eût pu avoir d’ailleurs, comme lui-même ne l’avait pas nié à ceux qui voulurent savoir de lui de quelle sorte il en avait usé pour y réussir aussi bien qu’il faisait, leur ayant dit plus d’une fois qu’il s’était servi de la version en prose dédiée [par Marolles, en 1650] à la Sérénissime reine Christine de Suède. »
Selon le récit qu'en fait Grimarest (p. 51 et suiv.), Molière avait déjà rencontré Baron en 1666, quand celui-ci n'avait que 12 ans ; il avait entrepris de le former, mais une dispute du jeune garçon avec Armande Béjart aurait causé son départ. De cet attachement de Molière pour le jeune Baron, certains auteurs modernes ont conclu à l'existence entre eux de relations homosexuelles. Mais ce n'est qu'une hypothèse, qui n'est étayée par aucun document probant.
Menagiana ou bons mots, rencontres agréables, pensées judicieuses et observations curieuses de M. Ménage, I, Paris, 1694, p. 233, accessible sur Google Livres. Quoi qu'en dise cet auteur, le langage précieux n'a pas disparu, comme le souligneront Voltaire et divers commentateurs (voir Notice des Précieuses ridicules, p. 196-198).
Scène 5, p. 532. Le personnage d'Arnolphe a toutefois fait l'objet d'interprétations contradictoires. Ridicule pour les uns et dans les représentations scéniques habituelles, il représente pour Simone Weil l'extrême misère d'une âme souffrant d'une passion non partagée. Aussi, un critique voit-il dans cette pièce une « tragédie burlesque », qui fait disparaître les oppositions tranchées entre tragédie et comédie (Hubert 1962, p. 66-67).
« Racine […] lui ayant dit un jour, comme pour lui adresser un reproche : « Je vous ai vu à la pièce de Molière, et vous riiez tout seul sur le théâtre. — Je vous estime trop, lui répondit Boileau, pour croire que vous n’y ayez pas ri, du moins intérieurement. » (Notice de L'Avare en ligne, p. 2).
« Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, / Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope. (L'Art poétique, chant III) » (en fait, c'est Scapin qui enveloppe son maître dans un sac à l'acte III, scène 2 des Fourberies de Scapin).
Collinet relève des citations convergentes entre Molière et La Fontaine, révèle la nature de leur relation : « Je voudrais bien savoir, si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire. » (Molière, La Critique de l'École des femmes, p. 528), à quoi le fabuliste répond en écho : « […] plaire est son principal but. » Voir Collinet 1974, p. 181.