Arthur Malnory - Saint Césaire Évêque d'Arles (503-543) – 1894 – page 161 ici :
L'aristocratie sénatoriale continua de fournir les titulaires aux magistratures locales, ou retrouva à la cour des rois francs les dignités qu'elle avait occupées à la cour de Ravenne. L'un de ceux auxquels ce changement rapporta le plus d'honneurs fut ce Parthénius, neveu d'Ennode, que nous avons vu fixé dans sa ville natale vers 520 probablement dans un des emplois supérieurs qui ressortissaient au préfet Libère. Appelé par Théodebert à l'éminente dignité de Maître des Offices, qui plaçait sous sa direction tout le haut personnel de la cour de Metz, mis hors de pair par le titre de patrice, c'est cet élève de Cassiodore qui a introduit dans la capitale de l'Austrasie les goûts de latinité retrouvés plus tard par le poète voyageur Fortunat. Par contre, il est aussi un des premiers exemples de l'influence réciproque de la barbarie sur les Romains. L'historien des Francs l'a stigmatisé en racontant sa gloutonnerie, et, ce qui est plus grave, sa cruauté. Dans un accès de jalousie, il tua sa propre femme Papianilla, une petite-fille de l'évêque Rurice. Il voulut aussi introduire en Austrasie les traditions financières de Théodoric, en essayant de soumettre les Francs au cens ceux-ci s'en vengèrent, après la mort de Théodebert, en le faisant périr.
Les Francs avaient une grande haine contre Parthénius, parce que sous ledit roi il leur avait imposé des tributs, et ils commencèrent à le poursuivre. Se voyant en péril, il s’enfuit de la ville, et supplia deux évêques de le ramener à Trèves, et de réprimer par leurs exhortations la sédition d’un peuple furieux. Ils y allèrent, et la nuit, pendant qu’il était dans son lit, tout à coup en dormant il commença à crier à haute voix, disant : Hélas ! hélas ! secourez-moi, vous qui êtes ici, venez à l’aide d’un homme qui périt. À ces cris, ceux qui étaient dans la chambre s’étant éveillés, lui demandèrent ce que c’était, et il répondit : Ausanius, mon ami, et Papianilla, ma femme, que j’ai tués autrefois, m’appelaient en jugement, en disant : Viens répondre, car nous t’accusons devant Dieu. En effet, pressé par la jalousie, il avait, quelques années auparavant, tué injustement sa femme et son ami. Les évêques, étant arrivés à la ville, et voyant qu’ils ne pouvaient résister à la violente sédition du peuple, voulurent le cacher dans l’église. Ils le mirent dans un coffre et étendirent sur lui des vêtements à l’usage de l’église. Le peuple étant entré, le chercha dans tous les coins ; il se retirait irrité, lorsqu’un de la troupe conçut un soupçon, et dit : Voilà un coffre dans lequel nous n’avons pas cherché notre ennemi. Les gardiens leur dirent qu’il n’y avait rien dans ce coffre que des ornements ecclésiastiques ; mais ils demandèrent les clefs, disant : Si vous ne l’ouvrez pas sur-le-champ, nous le brisons. Le coffre ayant donc été ouvert, et les linges écartés, ils y trouvèrent Parthénius et l’en tirèrent, s’applaudissant de leur découverte et disant : Dieu a livré notre ennemi entre nos mains. Alors ils lui coupèrent les poings, lui crachèrent au visage ; et lui ayant lié les bras derrière le dos, ils le lapidèrent contre une colonne. Il avait été très vorace ; et, pour pouvoir plus promptement recommencer à manger, il prenait de l’aloès qui le faisait digérer très vite : il laissait échapper en public le bruit de ses entrailles sans aucun respect pour ceux qui étaient présents. Sa vie se termina de cette manière.