Bernard de Clairvaux fera beaucoup d'efforts par la suite, vis-à-vis du pape comme de ses confrères ainsi que dans ses écrits, pour justifier la condamnation à laquelle il a apporté tout son zèle. Dans cette œuvre de propagande, seule la version du saint, à quelques témoignages près, est restée documentée. Par exemple, il fait dire que c'est Abélard, simplement demandeur d'une disputation, qui aurait demandé à avoir un procès mais que lui, plein de bienveillance, n'aurait jamais voulu y participer (Cf. B. de Fontaine, Lettre au papeInnocent II au nom des évêques de France, in Charpentier, op. cité, t. II. Cf. Geoffroy d'Auxerre, op. cité, V, 13). Ayant apparemment récusé ses juges quand il a vu qu'il n'aurait pas de procès équitable et demandé un examen direct de l'affaire par Rome, Abélard a été décrit par ses détracteurs comme un homme soudainement, pour ne pas dire miraculeusement, frappé d'une incapacité à prendre la parole (Cf. Geoffroy d'Auxerre, op. cité, V, 14).
Saint Bernard accusateur d'hérésie contre Abélard : lettre 190 au pape Innocent II (Tractatus contra quaedam capitula errorum Petri Abaelardi, 1140), PL 182. XIV capitula et lettre de Bernard à Innocent II.