Maxime de Sars, « Les limites de la Haute-Picardie », Société historique de Haute-Pïcardie, 1922, p. 1-6 :
« L' "ancienne" France n'a jamais connu trente-deux provinces. Au point de vue
administratif, elle était divisée en généralités, portant tantôt le nom de leur capitale, tantôt celui d'une province ; au point de vue militaire, en gouvernements généraux, prenant tous le nom d'une province. Mais toutes ces circonscriptions avaient un caractère arbitraire ; leurs délimitations variaient suivant les besoins de chaque siècle. Officiellement il n'y avait pas de provinces tout au moins jusqu'à la
grande réforme de 1787, qui accorda aux
généralités qui en étaient dépourvues le droit d'élire des assemblées délibérantes.
Elles prirent le titre de province. C'est ainsi que pendant trois ans la généralité de Soissons, composée artificiellement, deux siècles en çà, des élections de Soissons, Laon, Guise, Noyon, Crépy-en-Valois, Clermont et Château - Thierry, s'appela la province du Soissonnais.
Les cartes officielles, auxquelles il est fait allusion plus haut, paraissent ignorer cette grande révolution pacifique, comme la plupart des manuels d'histoire du reste. Trompées par la similitude de noms, sous la rubrique de provinces, elles nous donnent les limites des gouvernements militaires. Sans doute province et gouvernement voyaient généralement leurs limites se confondre ; mais au cours des temps, des modifications sont survenues.