Il faut dire qu'au lendemain de la guerre de Corée (1950-1953), le gouvernement sud-coréen a encouragé sinon l'abandon, du moins l'adoption d'enfants par des couples étrangers, principalement occidentaux. Une industrie de l'adoption s'est ainsi mise en place avec le service de placement des enfants sous la tutelle du ministère de la Santé et des Affaires sociales, et avec le soutien logistique d'organisations religieuses ou philanthropiques. Comme l'explique Ounie Lecomte, ce croisement entre la honte de l'abandon et la publicité de l'adoption produisait un sentiment de culpabilité insoutenable: « On était laissé dans un non-dit complet, une absence féroce d'information. D'un autre côté, vous ne pouviez vous plaindre, on vous offrait la chance d'un avenir meilleur en Occident.»[1]